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Une intervention du nouvel archevêque sur la
possibilité de refuser avortement et euthanasie dans des établissements
organisés par l’Église catholique a provoqué diverses réactions, certaines
peut-être mal calibrées. Je ne pense pas que quelques mots de Mgr De Kesel ferment une porte.
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La réponse des institutions à une demande de
mort volontaire est une question à laquelle je réfléchis depuis plus de 50 ans
et il me semble qu’on peut aller vers des pratiques sereines.
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Je voudrais réagir non pas comme biologiste,
théologien ou philosophe mais comme potentiel patient en fin de vie.
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On cite le cas d’une résidente à laquelle une
maison de repos catholique a refusé qu’un médecin extérieur vienne accomplir un
acte euthanasique et qui a dû rentrer à son domicile pour que sa volonté soit
respectée.
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Ce cas va faire l’objet d’un procès. On va
évidemment éplucher la loi, sa préparation, les enseignements de sa mise en œuvre.
Le site Kerknet rappelle que la loi de 2002 est une loi de dépénalisation et
pas d’autorisation. Le droit à l’objection de conscience est reconnu par chacun
à tous les praticiens. La question des lieux où cela se pratique est plus
délicate. L’esprit de la loi serait-il respecté si une personne en fin de vie ne
trouvait pas de lieu où sa volonté puisse s’accomplir ?
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Comme biologiste je suis avant tout un
observateur de l’évolution des comportements. J’écoute avec une oreille très
attentive ce que les gens disent de leur propre mort. Beaucoup ne désirent pas
intervenir pour agir sur le moment de cette mort. D’autres, de plus en plus
nombreux, désirent qu’un choix large leur reste ouvert où qu’ils soient. Parce
qu’ils souffrent trop, ou que leur dignité n’est plus préservée, et/ou qu’ils
ont le sentiment d’une « vie accomplie ». Que tout ce qui est en plus
serait en trop.
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La législation favorise l’autonomie. Droits du
patient, choix d’une personne de confiance, directives anticipées…
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Depuis 2002 la représentation que les gens ont
de leur fin de vie a considérablement évolué. Beaucoup ne souhaitent pas vivre
le plus longtemps possible. On entend : « 85 ans ce serait bien, et
en bonne santé de base, et en tout cas avec ma tête ». À Louvain-la-Neuve
je vois de plus en plus d’aînés qui ont choisi d’y venir et d’y garder le
dernier lieu de leur existence.
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Le déménagement plus ou moins forcé (pour certains
c’est un bon choix) vers une maison de retraite n’est pas vraiment dans leur
plan. Le choix ne se fait sans doute pas en fonction de l’étiquette religieuse.
Et on n’aimerait pas que dans le prospectus il soit indiqué « interdiction
de pratiquer l’euthanasie » à côté de celle de posséder chien ou chat.
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Je souhaiterais donc qu’aucun établissement de
repos ou de soin (il devient difficile de différencier les deux) n’indique de
restriction éthique. Il est normal que ces lieux n’aient pas toujours de
praticien désireux de pratiquer cet accompagnement. Comme pour la visite d’un
spécialiste extérieur il serait normal de bien accueillir un médecin généraliste
ou un autre médecin.
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Comme baptisé il me semble même que ce serait la
pratique la plus conforme aux valeurs chrétiennes. Accompagner des personnes en
fin de vie dans leur ultime liberté, de quelque conviction qu’ils se réclament,
en veillant à éviter toute pression extérieure.
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Et même, mais là je ne suis pas suivi par tous
mes amis, je pense que pour de nombreux baptisés « interruptions volontaires
de grossesse » et « mort volontaire accompagnée » sont en
cohérence avec les valeurs chrétiennes, qu’elles sont parfois le comportement
optimal, « le meilleur bien » ou « le moindre mal », ou en
tout cas un choix respectable.
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La morale chrétienne ce n’est pas respecter la
vie comme phénomène physicochimique (on peut l’admirer, l’étudier, la favoriser…)
mais la personne humaine.
1 comment:
Paul, je partage entièrement ton point de vue. Déjà dans la vie de Jésus, celui-ci contredisait les grands Prêtres, scribes et pharisiens pour leur dogmatisme, leur respect à la lettre des lois. Chaque fois, Jésus respectait la personne humaine, il ne la jugeait pas.
De plus, la société d'aujourd'hui n'est plus celle d'hier. Nous ne pouvons analyser notre monde comme celui d'il y a 2000 ans, les réalités de vie sont totalement différentes. Déjà Jésus reprochait aux religieux de l'époque de ne pas évoluer et d'analyser le
monde comme dans l'Ancien Testament.
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